Le Ministre Bio Tchané l’invité de 9jafrenchradio,les grandes réalisations,les défis et projets en cours….
Abdoulaye Bio Tchané, né le 25 octobre 1952 à Djougou au Bénin, est un homme politique béninois. Il a été plusieurs fois ministre dans les gouvernements du président Patrice Talon et du président Mathieu Kérékou et est un ancien président de la Banque ouest-africaine de développement.
Ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale,il répond au micro de 9jafrenchradio.

Questions :Monsieur le Ministre, pourquoi la cohésion sociale est-elle une priorité pour vous dans le contexte béninois actuel ?
ABT:…
La cohésion sociale est une priorité pour notre Gouvernement et plus particulièrement dans le contexte actuel du Bénin en raison des défis sécuritaires auxquels notre pays est confronté. Notre approche vise essentiellement à:
- Prévenir l’extrémisme violent et les conflits communautaires
- Renforcer la résilience des populations vulnérables
- Promouvoir l’inclusion sociale et l’égalité des chances et
- Renforcer le dialogue communautaire et l’éducation
- En résumé, la cohésion sociale est au cœur de nos priorités pour garantir la paix, la sécurité et le développement durable du pays.
Q: Quelles sont les initiatives concrètes que vous avez mises en place pour renforcer les liens entre les différentes communautés ?
ABT:…
Plusieurs initiatives concrètes ont été mises en œuvre pour renforcer cette cohésion sociale, en particulier dans les zones exposées à des tensions intercommunautaires ou à des risques d’extrémisme violent.
Je peux citer sans être exhaustif:Le Projet de renforcement de la cohésion sociale et de prévention de l’extrémisme violent (PRCS-PEV).Le Projet COSO(Cohésion sociale dans les régions du nord du Golfe de Guinée).
Les Journées de cohésion sociale à (Banikoara, Kandi, Tchaourou, etc.)
La mise en place de comités locaux de paix et de veille citoyenne. Les actions ciblées en faveur de l’inclusion des personnes marginalisées Ces actions témoignent de notre volonté d’ancrer durablement la cohésion dans les dynamiques locales de développement, dans le respect des identités, des croyances et des parcours de vie de toutes les composantes de la nation béninoise.

Q: Comment réagissez-vous face aux tensions intercommunautaires lorsqu’elles surgissent ?
ABT:….
Face aux tensions intercommunautaires, notre approche repose sur trois piliers complémentaires : l’anticipation, la réponse rapide et la consolidation durable de la paix.
L’anticipation par l’ancrage local de la veille communautaire (dans certaines communes du Borgou et de l’Alibori, ces comités ont permis d’anticiper des conflits liés à la transhumance ou à l’accès aux ressources naturelles.)
La réponse rapide fondée sur la médiation et la concertation. Lorsque des tensions surviennent, nous activons immédiatement une cellule de gestion de crise inter institutionnelle (Préfets, Maires, Forces de défense et de sécurité et OSC). lors d’un différend entre communautés agro-pastorales dans le nord-ouest du pays, une délégation conjointe des ministères sectoriels et des autorités locales a permis une désescalade rapide grâce à des engagements mutuels formalisés.
La consolidation post-crise par des actions de développement inclusif
En somme, notre réponse aux tensions intercommunautaires est multidimensionnelle : elle combine fermeté dans l’action publique, l’écoute des communautés, et lucidité sur les causes profondes des conflits. Notre objectif est d’inscrire chaque territoire dans une trajectoire de paix durable, de dialogue continu et de progrès partagé.
- Quel rôle les leaders communautaires et religieux jouent-ils dans ce processus ?
ABT:..
Les leaders communautaires et religieux occupent une place centrale dans notre stratégie de renforcement de la cohésion sociale. Leur rôle est à la fois préventif, médiateur et éducatif.
Prévenir les tensions par l’écoute et la légitimité locale (dans plusieurs communes du nord Bénin, ce sont les chefs traditionnels et les imams qui, les premiers, sont intervenus pour apaiser les tensions liées à la transhumance ou à des différends fonciers.)
Jouer un rôle de médiateur lors des crises ( dans le cadre du projet COSO, plusieurs accords locaux de cohabitation pacifique ont été obtenus grâce à l’implication directe de chefs de village et de responsables religieux.)
Renforcer la culture de la paix à travers l’éducation morale et spirituelle (des campagnes interreligieuses menées par des imams, des prêtres et des pasteurs dans les zones sensibles ont permis de contrer les tentatives de radicalisation en insistant sur l’unité nationale et les valeurs partagées)
Participer à la gouvernance locale de la paix
En résumé, les leaders communautaires et religieux ne sont pas seulement des relais d’influence : ils sont des acteurs stratégiques de la paix et de la cohésion sociale. Le gouvernement les considère comme des partenaires incontournables, et leur implication active est l’une des clés de la stabilité de notre pays. D’ailleurs notre Gouvernement a récemment formalisé la reconnaissance des chefferies traditionnelles par une loi.
- Quelle est la place du dialogue intercommunautaire dans votre politique ?
ABT:…
Le dialogue intercommunautaire est un pilier fondamental de notre politique de cohésion sociale. Il ne s’agit pas d’un simple outil de gestion des conflits, mais d’un mécanisme permanent de construction de la paix, de prévention des tensions et de promotion du vivre-ensemble dans notre diversité.
Thématique 2 : Le développement local et national

- Quels sont les principaux projets de développement que vous avez portés ces dernières années ?
ABT:..
Au cours des dernières années, le Gouvernement a initié de nombreux projets structurants dans des secteurs clés tels que les infrastructures, l’économie numérique, l’agriculture, et les services sociaux de base. Ces initiatives s’inscrivent dans une vision cohérente de transformation économique et sociale, avec pour finalité la construction d’une économie robuste, résiliente et créatrice de prospérité partagée.
Dans le cadre du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) pour le second quinquennat, ce sont plus de 227 projets et 121 réformes majeures qui sont inscrits. Chacun de ces projets et réformes revêt une importance stratégique, et contribue, à sa manière, à l’atteinte de nos objectifs de développement durable et d’amélioration du bien-être des populations.
- Comment assurez-vous que ces projets bénéficient équitablement à toutes les régions du Bénin ?
ABT:…
Le Gouvernement a mis en place un ensemble de mécanismes visant à assurer une répartition équitable et équilibrée des projets de développement sur l’ensemble du territoire national. Ces mécanismes, à la fois institutionnels, stratégiques et opérationnels, sont conçus pour garantir la justice territoriale, l’équité sociale et l’efficacité de l’action publique.
Nous disposons d’une cartographie fine des besoins, élaborée à l’échelle des arrondissements, et les réponses apportées sont rigoureusement géolocalisées afin d’assurer une traçabilité transparente des interventions. Par ailleurs, des tournées régulières de reddition de comptes sont organisées, permettant aux populations bénéficiaires d’évaluer, à nos côtés, la pertinence et l’impact des investissements et des réformes mises en œuvre.
Une illustration emblématique de cette démarche est notre programme d’interconnexion de toutes les communes du Bénin à leur chef-lieu de département par des voies bitumées. Ce projet traduit de manière concrète notre engagement à corriger les déséquilibres territoriaux et à renforcer la cohésion nationale.
- Quels obstacles rencontrez-vous dans la mise en œuvre des politiques de développement inclusif ?
ABT:…
Il convient de souligner que nombre de contraintes qui freinaient auparavant l’action publique ont été levées ou significativement atténuées. À titre d’illustration, d’importants progrès ont été réalisés dans la lutte contre la corruption, grâce à l’assainissement profond du cadre de gouvernance et à la modernisation des mécanismes de planification stratégique et de prise de décision, désormais plus performants et mieux alignés sur les standards d’efficacité.
Les principales contraintes résiduelles relèvent désormais davantage de considérations opérationnelles. Il en est ainsi, par exemple, de la disponibilité en main-d’œuvre qualifiée, qui reste encore en deçà des besoins exprimés par les différents secteurs productifs. C’est précisément dans cette perspective que nous mettons en œuvre, avec détermination, la stratégie nationale de développement de l’Enseignement et de la Formation Techniques et Professionnels.
Par ailleurs, nous faisons face à un environnement régional et international particulièrement instable et marqué par une forte imprévisibilité, qui induit des ajustements constants dans nos choix de politiques publiques. À cela s’ajoutent les défis sécuritaires, dont la persistance nous contraint à réallouer une part significative de nos ressources vers le renforcement des capacités de nos forces de défense et de sécurité. Ces impératifs, bien que légitimes, réduisent mécaniquement la marge de manœuvre budgétaire destinée au financement des projets de développement à vocation sociale ou économique.
- Quelle est votre stratégie pour renforcer l’emploi des jeunes et l’entrepreneuriat local ?
ABT:…
Nous l’avons affirmé avec constance et conviction : notre action est guidée par la volonté de bâtir une économie robuste, inclusive et résolument tournée vers l’émergence d’un secteur privé dynamique, capable de générer massivement des opportunités d’emploi, notamment pour notre jeunesse. C’est là le socle de notre engagement, et l’ensemble des réformes que nous mettons en œuvre converge vers cet objectif fondamental.
Afin de garantir que les emplois créés — ou appelés à l’être — bénéficient effectivement aux jeunes béninois, nous avons inscrit au cœur de notre stratégie nationale l’enseignement et la formation techniques et professionnels. Ce choix se traduit de manière concrète par la construction en cours de plusieurs dizaines de lycées techniques et d’écoles de métiers à travers le territoire national, dans une logique de territorialisation des compétences.
Par ailleurs, pour stimuler davantage l’entrepreneuriat et renforcer le tissu économique local, nous avons mis en place l’Agence de Développement des Petites et Moyennes Entreprises (ADPME). Cette structure joue un rôle central en tant que guichet unique pour l’appui, la structuration et la promotion des entreprises, y compris les startups et les initiatives entrepreneuriales innovantes.
- Le développement peut-il être durable sans cohésion sociale selon vous ?
ABT :… La cohésion sociale n’est pas un luxe ou un supplément d’âme dans une stratégie de développement. Elle en est un pilier central. Un pays qui néglige la construction de la paix sociale, le dialogue intercommunautaire et la réduction des fractures internes court le risque de voir son développement compromis, voire remis en cause. Le développement durable est indissociablement économique, environnemental et social et le volet social inclus la cohésion sociale. En conclusion Monsieur le Ministre ?
ABT :…Je vous remercie pour cet échange de qualité, qui nous a permis d’aborder des questions essentielles pour l’avenir de notre pays. Comme vous l’aurez constaté, notre action est guidée par une vision claire : celle d’un développement inclusif, durable et profondément ancré dans les réalités de nos territoires. Nous sommes pleinement engagés à bâtir un Bénin plus juste, plus solidaire et plus prospère — un Bénin où chaque citoyen, chaque jeune, chaque femme, quelle que soit sa région d’origine, trouve sa place et puisse contribuer à la dynamique nationale.
C’est ensemble, dans un esprit de cohésion et de responsabilité partagée, que nous relèverons les défis de notre temps et construirons les succès de demain.