Le départ massif des agents de santé nigérians inquiète
Ces dernières années, le Nigeria fait face à une vague sans précédent de départs de ses professionnels de la santé vers des pays étrangers. Médecins, infirmiers, pharmaciens et autres personnels médicaux quittent leur terre natale en quête de meilleures conditions de travail et d’un avenir plus prometteur.

Selon les données de l’Association médicale nigériane (NMA), plus de 15 000 médecins nigérians exercent actuellement à l’étranger, principalement au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada et en Arabie Saoudite. Le phénomène s’accélère, avec environ 500 médecins qui émigrent chaque mois, laissant derrière eux un système de santé déjà sous pression.
Les raisons de cette fuite des cerveaux sont multiples. Faibles salaires, manque d’équipements, absence de perspectives de carrière, insécurité et surcharge de travail figurent parmi les principales motivations de ces départs. Certains médecins affirment être payés l’équivalent de 100 dollars par mois, tout en travaillant dans des conditions déplorables.
“Nous ne quittons pas le Nigeria parce que nous le voulons, mais parce que nous y sommes contraints,” confie le Dr Ifeoma, une anesthésiste récemment installée au Royaume-Uni. “C’est une question de survie, personnelle et professionnelle.”

Ce départ massif compromet gravement le fonctionnement des hôpitaux publics et aggrave la pénurie de personnel soignant. Dans certaines régions rurales, il est devenu presque impossible de trouver un médecin qualifié. Les patients doivent parcourir de longues distances ou attendre des jours entiers pour recevoir des soins médicaux de base.
Le taux de couverture médicale au Nigeria est bien en-deçà des normes recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le pays compte environ un médecin pour 5 000 habitants, bien loin de la norme d’un médecin pour 600 patients.
Face à cette situation critique, des voix s’élèvent pour appeler le gouvernement à agir rapidement. L’amélioration des salaires, des infrastructures hospitalières et des perspectives professionnelles est essentielle pour stopper cette hémorragie.
“Il faut investir massivement dans le secteur de la santé, sinon nous continuerons à perdre nos meilleurs éléments au profit d’autres pays,” alerte le président de la NMA.
Pour l’instant, malgré les promesses gouvernementales, les mesures concrètes se font attendre. Et chaque jour, d’autres agents de santé préparent leurs valises, dans l’espoir d’un avenir meilleur loin du Nigeria.