Les Défis de l’Apprentissage et de l’usage du Français au Nigeria : Le cas des Élèves et les carences en ressources linguistiques
Le français, bien qu’étant une langue étrangère, occupe une place stratégique au Nigeria en raison de la position géographique du pays, entouré par des pays francophones comme le Bénin, le Niger, le Tchad et le Cameroun. Cependant, son apprentissage et son usage demeurent un défi majeur, notamment pour les élèves. Ce défi s’explique par plusieurs facteurs, allant du manque de ressources pédagogiques au faible intérêt pour cette langue dans un pays où l’anglais domine.
Le Nigeria est un pays multilingue avec plus de 500 langues locales. L’anglais, en tant que langue officielle, domine les sphères éducative, administrative et commerciale. Dans un tel contexte, le français apparaît souvent comme une langue de moindre importance. Ce manque d’immersion linguistique rend difficile son apprentissage pour les élèves qui n’ont pas l’occasion de le pratiquer en dehors de la salle de classe.
De plus, l’absence d’émissions télévisées ou radiophoniques en français complique l’exposition des apprenants à la langue. Contrairement à des pays où les médias servent de support d’apprentissage, les élèves nigérians n’ont pas accès à des chaînes ou des programmes francophones accessibles.
Le manque de documents pédagogiques adaptés est une autre difficulté majeure. Dans de nombreuses écoles, les manuels de français sont rares ou obsolètes, ce qui limite la capacité des enseignants à dispenser un enseignement interactif et stimulant. De plus, les laboratoires de langues, qui pourraient permettre une meilleure assimilation des compétences orales et écrites, sont quasi inexistants dans la majorité des établissements scolaires du pays.
Les enseignants eux-mêmes ne sont pas toujours suffisamment formés pour répondre aux besoins des élèves. Certains manquent de maîtrise linguistique, et leur méthode d’enseignement reste centrée sur des exercices théoriques, au détriment de l’aspect communicatif de la langue.
Le statut du français comme matière facultative dans de nombreuses écoles contribue à son désintérêt. Les élèves et leurs parents privilégient des matières perçues comme plus utiles pour leur avenir professionnel. Même les initiatives gouvernementales, telles que la déclaration du français comme « deuxième langue étrangère » en 1996, n’ont pas suffi à changer cette mentalité.
Par ailleurs, dans certaines régions du Nigeria, des barrières culturelles subsistent, associant la langue française à l’ancienne colonisation française ou la voyant comme un obstacle inutile dans un pays anglophone.
Propositions pour surmonter ces défis
Pour améliorer l’apprentissage du français au Nigeria, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
Renforcer la formation des enseignants : Un personnel qualifié est essentiel pour susciter l’intérêt des élèves et rendre l’apprentissage plus efficace. Des stages réguliers et des échanges avec des pays francophones pourraient enrichir leurs compétences.
Créer des partenariats avec des pays francophones : Ces collaborations pourraient faciliter l’accès à des manuels modernes, des supports multimédias et des opportunités d’immersion linguistique pour les élèves et les enseignants.
Introduire des émissions en français dans les médias(web radios, radios locales avec rediffusion des émissions en français): Cela permettrait aux élèves de pratiquer la langue en dehors de l’école et de s’immerger dans la culture francophone.
Valoriser le français dans le système éducatif : Inclure le français comme matière obligatoire dans les premières années de scolarité aiderait à poser des bases solides.
Susciter l’intérêt par des activités extrascolaires : Des clubs de français, des concours, des voyages éducatifs ou des festivals culturels pourraient encourager les jeunes à apprendre la langue de manière ludique.
Apprendre et parler le français au Nigeria, en particulier pour les élèves, reste une tâche ardue en raison du manque de ressources et de soutien institutionnel. Pourtant, dans un monde globalisé, le français peut ouvrir des opportunités économiques, culturelles et diplomatiques. Investir dans son apprentissage n’est pas seulement une nécessité éducative, mais aussi une stratégie pour positionner le Nigeria comme un acteur clé en Afrique de l’Ouest et au-delà. Avec des efforts concertés entre le gouvernement, les écoles et les organisations internationales, le français pourrait devenir une compétence précieuse pour les générations futures.